La place du sujet dans la toile
Pour mettre en scène la figure humaine Bacon à une idée très précise de ce qu’il souhaite. Il ne fait pas d’esquisse, pour lui « l’esquisse ne mène nulle part car la texture et la couleur sont trop éloignée de ce qui se passe dans une peinture[34] » sa recherche se concentre sur le sujet. A l’entretien IX, alors que son expérience est éprouvée il dit faire une « esquisse grossière sur la toile, juste un vague contour de quelque chose (…) et ça se construit progressivement[35]». Pour centrer le sujet, la représentation est pensée avec précision « Je veux isoler l’image pour la soustraire à l’intérieur du foyer[36] ». Si les sujets sont tous isolés dans les toiles de Bacon, ils sont parfois dans des espaces qui semblent inspirés de l’intérieur, parfois de l’extérieur parfois entièrement fantasmagorique. Ce qui décidera des éléments entourant le sujet n’est pas explicité réellement. Bacon donne des indications : « on commence toujours à travailler avec le sujet, aussi ténu qu’il soit, et on construit une structure artificielle grâce à quoi l’on peut piéger la réalité du motif dont on est parti. [37]» Pourtant on comprend que la charge émotionnelle que Bacon porte sur son sujet définira en grande partie le tableau car « chaque forme que vous faite à une implication, donc quand vous peignez quelqu’un, vous savez que vous essayez, évidemment de vous rapprocher non seulement de son apparence, mais aussi de la manière dont il vous a touché[38] ». Que ce soit pour des figures de personnes qu’il connaît ou pour des sujets tirés de la littérature, Bacon semble toujours penser d’abord en termes de présence ou non d’une figure. Ainsi pour « Sweeney Agoniste je savais seulement que je voulais que le volet central soit un volet sans personnage.[39] ». C’est le sujet qui décidera de ce qui remplira la toile.