Entre destruction et édification

Bacon est connu pour détruire ses peintures. Au premier entretien, en 1962, Sylvester demande à Bacon à propos de ses tableaux « Si on ne venait pas vous les prendre, rien ne quitterait jamais l’atelier, je suppose. Vous continueriez jusqu’à ce que vous les ayez détruits tout ? » à laquelle répond « Je crois, oui [76]». Le respect de son travail est une choses extrêmement complexe et le rapport que Bacon entretien avec sa peinture est concentrée dans ce respect de l’accident – et du désir de l’utiliser – au rejet total de la toile à un moment donné. « Je sens que tout ce qu’il m’est arrivé d’aimer un tant soit peu était le résultat d’un accident sur lequel j’avais été capable de travaillé.[77]». L’acharnement face à la toile n’est pas évoqué et pourtant c’est ce que l’on peut ressentir dans la description de son travail entre la recherche de l’accident et le désir d’une image parfaite. Bacon est «obsédé par l’image unique et parfaite » dans les 1ers entretiens. La peinture semble être comme un éternellement recommencement, le rapport à la série le montre « je vois chaque image tout le temps de façon mouvante »[78] . Ce qui est désiré c’est un tableau « unique qui annulera tous les autres[79] » mais il s’en dédit par la suite car arriver à ce résultat l’amènerai à ne plus peindre. Si Bacon a une très haute considération du métier de peintre, on ressent plusieurs fois que son rapport au métier de peintre est ambivalent « je ne prétends pas du tout être un vrai peintre[80]  ». Sylvester lui dit « vous ne vous sentez pas particulièrement doué comme peintre. » et Bacon de confirmer « Je crois que j’ai, comme peintre, ce genre singulier de sensibilité qui veut que des choses de présentent à moi et que j’en fasse seulement usage.[81] »

Triptyque. 1981. Inspiré de L’Orestie d’Eschyle. Huile sur toile, chaque panneau 198 x 147,5 cm. Astrup Fearnley Museet for Moderne Kunst, Oslo