Conclusion
David Sylvester connaît bien Francis Bacon, il connaît son œuvre, ses goûts, sa manière de travailler, la façon de l’aborder. Au cours de ces entretiens il oscille entre la recherche d’une compréhension la plus fine possible des processus de création de Bacon et une analyse psychologique du personnage. Entre le regard du critique, le temps important consacré à se livrer – sur plusieurs années – et la recherche de justesse dans les idées et les mots que nous transmet l’artiste on peut imaginer que Bacon et Sylvester avaient conscience de laisser une trace unique sur la recherche du processus créatif. Le fait que Duchamp et Valery soient cités n’en est qu’un indice supplémentaire. Ensuite, la trace de ces interviews est une occasion pour Bacon de donner un point de vue qui restera pour interpréter ses œuvres. Même si son souhait est de rester hermétique à toute interprétation, il est assez sollicité par les médias pour savoir que ses propos peuvent être interpréter, réinterprété et au final n’avoir rien de commun avec ses pensées. Nous savons qu’un cinquième seulement de ces entretiens nous est livré. Entre 1962 et 1986 des idées se sont affirmées, d’autres au contraire se révèlent être contredites, le choix de Sylvester s’est certainement opéré dans le sens de garder les oppositions les plus intéressantes. Il est par exemple peut fait état de son rapport à la destruction alors que c’est un sujet souvent évoqué par les journalistes et les critiques.