Se dégager de la narration
Une autre condition semble essentielle, la volonté d’être dans la narration est exempte de sa peinture : « J’espère toujours être capable de faire un grand nombre de figures sans raconter une histoire. [42]» Ce qui explique le peu de personnages dans ses toiles car « du moment qu’il s’agit de plusieurs figures, on arrive tout de suite à l’aspect d’anecdote des relations entre les figures ». Bacon a une idée précise de l’effet attendu « Je tiens énormément à faire ce dont parlais Valéry : donner la sensation sans que pèse l’ennui de sa transmission. [43]». Cette phrase agit pour lui comme une sorte de « sténographie [44]» sur le mouvement. Cette volonté s’inscrit dans le désir « d’images neuves et à des manières nouvelles de créer des réalités. (…) Pas un réalisme illustratif, mais un réalisme qui proviennent de l’invention réelle d’une nouvelle façon d’enfermer la réalité dans quelque chose de complètement arbitraire.[45]». La volonté de peu de personnages et le désir de concentrer son attention sur cette – ou ces – figures sont les solutions qu’il choisit pour créer un langage puissant et capable de résister à l’interprétation.